Tous, nous sommes confrontés au programme. Qu'on est censé connaître. C'est vrai, nous avons tous fait du droit pénal, de la procédure, du droit des personnes et de la famille... On se souvient avec émotion de nos Travaux Dirigés de Première ou de Deuxième année. Enfin, on se souvient du sentiment de vide existentiel lorsque le chargé de TD pointait un regard accusateur et nous lançait "Mademoiselle (ou Jeune Homme) ! Veuillez définir l'étendue de la responsabilité médicale à l'aune de l'arrêt Perruche !". Krishna, Robert Badinter, Gordon Ramsay, protégez-moi...
Mais, il faut bien tout apprendre de nouveau. Alors, que faire ?
On se rachète des fiches de bristol. Ces maudites, maudites fiches de bristol. Et on sort son joli stylo à encre, on souligne les titres en rouge, les sous-titres en vert, on va même se faire un code couleur aussi compliqué que la cosmogonie du Silmarillion.
Tant qu'à faire, parce qu'on est des winners, on se prend un traité, genre le manuel de Fr. Desportes et Fr. Le Gunehec en droit pénal général, par exemple, avec l'ambition de le ficher... en deux semaines.
Bilan : 2 fiches = trois heures. Au bout de la 3e, on a envie de balancer le pavé honni de l'autre côté de la pièce.
J'ai vraiment honte de vous avouer ça. Après 6 ans à la fac, je n'ai jamais su ficher. Je n'ai jamais compris mes camarades qui arrivaient le jour de l'examen avec une pile de fiches impeccables qu'ils lisaient religieusement avant l'épreuve. Comme disait Gad Elmaleh, j'avais mes Blonds en face de moi. Ma seule concession, c'était la relecture de mes plaquettes de TD et peut-être les semestres fastes, un coup d'oeil sur un Memento. Mais je lisais religieusement les Codes, et je repérais avant la jurisprudence à utiliser.
Je fais donc une allergie à la fiche. Mais je suis aussi nulle avec le processus de ficher. Au bout de 40 minutes, mes yeux regardent ailleurs - légitime défense. Je recopie, mais l'action devient mécanique. Donc je n'apprends pas. Et comme j'ai passé un moment désagréable, je ne veux plus jamais poser mes yeux sur ces instruments de torture.
Résultat : je viens de gâcher deux semaines de travail. Commencent alors les bouffées d'angoisse et les coups de déprime. Une semaine supplémentaire se perd inutilement.
C'est là qu'intervint ma mère. Oui, je suis une grande fille indépendante, mais quand ma génitrice, agrégée d'Anglais et Docteur en Anglais, en Philosophie, et Maître de Conférences à la fac, me donne des conseils de méthode, j'écoute.
Ce que je vais relater est plutôt bizarre au début, genre Alice au Pays des Merveilles. On sort de l'orthodoxie du Bristol. En tout cas, ça marche, ça me motive et j'abats plus de boulot.
Il vous faut :
-Une boîte en fer ou tout autre récipient.
-Des papiers de couleur
-Un porte-mine
-Un carnet
-Un traité de la matière à ficher (un gros pavé) le plus à jour possible
-Un ouvrage court (personnellement, je préfère ceux de la collection Paradigme, ils sont excellents pour les concours.
-L'album Surrealistic Pillow de Jefferson Airplane, pour l'ambiance. Privilégiez White Rabbit, c'est un peu cliché mais ça colle franchement à la démonstration.
Etape 1 : Je prépare mon matos.
Quadrillez plusieurs feuilles de la même couleur (une couleur = une matière) à l'aide d'une règle.
Ouvrez maintenant votre traité, dans le sommaire détaillé. A l'aide de votre programme ENM, remplissez chaque case d'un aspect de votre cours. Exemple : une case contient "composition pénale", l'autre "rapport Varinard", une troisième "loi Perben II"... Lisez bien le sommaire pour ne rien oublier. Et si vous oubliez, ce n'est pas grave : vous vous en rendrez compte plus tard.
Faites cela pour chaque matière.
Découpez ensuite les cases, pliez-les, et mettez-les dans votre boîte en fer. Cela devrait donner ceci :
Déjà, c'est esthétique. Et c'est du boulot. En faisant cela, une chose est sûre : vous venez de relire votre programme en détail. Bizarrement, les souvenirs de vos cours, restés dans votre subconscient, refont surface : on se souvient de choses apprises il y a parfois quatre ou cinq ans, et ça aussi ça remonte le moral
Etape 2 : Je fiche.
Mélangez bien votre boîte à bonbons, puis tirez un sujet au hasard. Sur votre carnet (ou tout autre support), essayez de traiter le sujet. Relisez l'ouvrage court, puis le traité si vous voulez des précisions, mais ne vous limitez pas à cela : essayez de problématiser, ce qui est un super entraînement pour la dissertation. Cherchez des rapports, des commentaires, lâchez-vous sur Wikipedia (et pourquoi pas ?).
Attention : Un sujet = 30 minutes maxi. Donc pas de stylo, pas de titres bien ordonnés, le but est que vous vous y retrouviez, pas que quelqu'un d'autre le lise. Le porte mine est parfait, et il est suffisant. Vous aurez le temps de relire votre carnet et de souligner ou d'entourer vos idées principales plus tard, à la relecture. Les sujets sont traités au hasard, afin de faire des regroupements et de sortir de l'apprentissage du plan.
Si vous sentez qu'une partie de votre fiche nécessite un plus gros développement, mettez-le sur un autre petit papier. Vous vous y reporterez plus tard. Enfin, n'en faites pas des tonnes, le but n'est pas de vous décourager
Voilà, j'espère que j'aurai transmis la bonne parole à tous celles et ceux qui, comme moi, ne supportent pas de ficher. Et je vous laisse avec une petite chanson de circonstance pour bien entamer le week-end.
Courage à tous, on va tout faire péter !